Qu’est ce que la culture? (2)

[ point evaluation5/5 ]1 people who voted
Đã xem: 270 | Cật nhập lần cuối: 2/6/2016 10:31:10 AM | RSS

(suite)


II. QUELQUES DÉFINITIONS COMMENTÉES DE LA CULTURE


Après avoir acquis une connaissance sommaire de l’histoire du terme Văn Hóa, il convient d’en étudier certaines définitions.


Quoique le terme Culture soit d’un usage très courant, il est cependant difficile de lui donner une définition adéquate.


Au reste, chacun a sa façon de concevoir la Culture. C’est pourquoi, le mot Culture devient protéiforme.


D’aucuns la font relever de la sphère spirituelle; d’autres la font évoluer sur le terrain concret et matériel.


Le terme Culture prend ainsi, un fond et une forme totalement nouveaux et différents selon les lieux, les époques et les individus. C’est pourquoi, bien des gens de lettres hésitent de définir la Culture.


Dans la Préface de leur livre intitulé “Culture a Critical Review of Concepts and Definitions”, les deux célèbres anthropologues Kroeber et Clyde Kluckhohn, empruntant les paroles de Lowell ont fait cette confidence:


“Il m’incombe de parler de la Culture. Cependant, dans ce monde, il n’y a rien de plus mouvant, de plus fuyant qu’elle.


“On ne saurait l’analyser, car les éléments en sont en nombre illimité. On ne saurait la décrire, parce qu’elle est protéiforme. Vouloir la décrire, vouloir la définir équivaudrait à vouloir attraper l’air avec ses mains. Résultats: L’air est partout, sauf dans ses poings.” [19]

 

Aussi a-t-on vu de grands écrivains éluder, quand il s’agit de donner une définition de la Culture.


Lors du Congrès sur la Culture organisé à Venise du 25 au 31 Mars 1956 par l’Association de la Culture de l’Europe, auquel ont participé de grands philosophes, de grands écrivains des pays européens, libres aussi bien que communistes, entre autres, Karl Barth Campagnolo, J.P. Sartre, Maurice Merleau Ponty, Vercors, Silone, Fédine, Boris Bolévoi, Kampov, Jaroslaw-Iwaszkiswicz, etc. on a proposé de ne pas définir la culture dans le communiqué commun.[20]

 

Ont également évité de donner une définition de la Culture, les auteurs de l’Encyclopédie du Monde Chrétien intitulée le “Bilan du Monde”.


Ceux-ci n’ont pas voulu opposer nettement Culture à Civilisation, mais ont adopté plutôt le point de vue de Jacques Maritain en disant: “Nous distinguerons seulement dans la Culture un développement véritablement humain et donc principalement intellectuel, moral et spirituel, et dans la Civilisation, l’aspect social, politique et technique du même développement humain.” [21]

 

Thomas Sterns Eliot, écrivain anglais, prix Nobel de littérature en 1948, a composé un livre intitulé modestement: “Notes towards the Definition of Culture” (Notes pour une définition de la Culture).[22] Ainsi T.S. Eliot lui-même n’entendait pas non plus définir directement la Culture.


Les attitudes réservées sus-mentionnées sont en somme très sages, car définir c’est limiter; or limiter, c’est cirsconscrire, et partant c’est serrer et gêner…[23]


Au contraire, les gens communs définisssent la Culture avec une très grande désinvolture.


A propos, il est intéressant de noter qu’il y a d’ici plus de 10 ans, Mr Đặng Văn Ký a fait une entrevue sur la Culture et en vait consigné les réponses dans le Bulletin de la Culture Orientale, No 9 Mois de Décembre 1958.[24]


Entre les deux extrêmes, on trouve d’autres écrivains qui sans être évasifs, ni désinvoltes, ont eu le courage de définir la Culture. Ainsi grâce à eux, il nous serait maintenant possible, moyennant recherche, de recueillir des définitions de la Culture par centaines.


En 1952, A.L. Kroeber et Clyde Kluckhohn dans leur ouvrage “Culture a Critical Review of Concepts and Definitions” ont cité plus de 400 auteurs et ont recueilli 130 définitions de la Culture.[25]


Ici je me borne à commenter quelques définitions courantes de la Culture.


1. Culture: Niveau intellectuel


D’Aucuns prétendent que la Culture est le niveau intellectuel de l’homme. D’où ces assertions: Un tel est cultivé; un tel ne l’est pas.

D’Après cette définition, culture équivaut à degré d’instruction.[26]


2. Culture: Formation intellectuelle et morale


D’autres conviennent que la Culture est la formation intellectuelle et morale qui rend l’homme plus noble, plus élevé.

Selon Thomas Stern Eliot, la Culture est l’amélioration de l’âme et de l’esprit.[27]

D’après le Dictionnaire Oxford, la Culture c’est la formation le développement de l’esprit, des facultés, le raffinement du comportement, etc… La Culture c’est l’entraînement, c’est l’éducation de l’homme visant à le perfectionner, à l’ennoblir.[28]

Le Dictionnaire du Dr Johnson définit la Culture comme l’art d’améliorer, l’art d’évoluer vers la perfection.[29]

Il en résulte qu’un homme cultivé est un homme noble, bien éduqué, un homme dont les facultés intellectuelles et morales sont bien développées, dont le sens artistique est bien formé.

Un homme cultivé est donc un homme raffiné, noble, vertueux, un homme dont le livre des Odes a fait l’éloge en ces termes:

“Regardez donc du côté du coude de la Rivière KY,

De jeunes bambous couvrent de leur verdure, un jardin retiré.

O bel Homme! Que vous êtes noble et distingué!

On dirait que depuis bien longtemps, vous avez reçu un façonnage, un limage, et un polissage parfaits.

O quelle démarche altière! O quel comportement majestueux!

O sage accompli! On ne pourra jamais vous oublier.” [30]


3. Culture: Education, Système d’éducation nationale


Le terme Culture dans la langue française, indépendamment de sa signification ordinaire, veut dire encore instruction, développement.[31]

Le mot “Culture” est donc lié à celui de l’instruction, de l’éducation, bref à l’œuvre d’éducation nationale.

Ainsi le terme culture a une double signification:

a. Formation morale et spirituelle, formation des hommes vertueux et sages.

b. Formation intellectuelle, scientifique, et technique; formation des cadres et des artisans pour la nation.

Ceci revient à dire que nous et nos ancêtres ont des visées totalement différentes en ce qui concerne le programme de l’éducation publique.

Autrefois, en Orient comme en Occident, le but de l’éducation publique consistait à faire des hommes dignes de ce nom, des sages, des hommes supérieurs: le programme de l’éducation donnait la primauté à la sagesse.

Aujourd’hui en Orient et en Occident, le but de l’éducation publique est le développement du savoir humain, la formation des patrons, des travailleurs, des ouvriers, des techniciens: le programme des études donne la prééminence à la science et à la technique.

Il va sans dire que ces deux programmes opposés comportent chacun leurs avantages et leurs inconvénients.

Le mieux sera certes, de savoir concilier ces deux visées de l’éducation publique dans le but de former des hommes à la fois verteux et capables.

Il y a 45 ans, Thượng Chi écrivait dans la revue Nam Phong ces lignes:

“Un technicien sans principes moraux est semblable à une peau de fruit sans pulpe ni noyau. Il lui est impossible de réaliser une vie idéale.

“Par contre, un sage sans formation technique et professionelle est semblable à un noyau de fruit sans peau. Il lui est bien difficile de lutter pour la vie.

“C’est pourquoi, il est nécessaire de concilier la science avec la sagesse; l’intérêt public avec la perfection morale. C’est ce qu’on appelle synthèse des deux Cultures orientale et occidentale.” [32]


4. Culture: Belles-Lettres et Arts


Il y a des gens qui prennent  Culture pour Belles-Lettres et Arts.

C’est là une des définitions de la Culture la plus en vogue.

Actuellement d’ailleurs, Culture, Belles-Lettres et Arts marchent souvent de pair comme un objet et son ombre.


En effet, Arts et Belles-Lettres constituent des instruments pour la diffusion de la Culture, des traits d’union entre les hommes, des moyens de transmission et de conservation de la Culture.


De même que l’homme a deux tendances: l’une orientée vers l’idéal, vers la transcendance, vers l’universalité, vers l’intemporel; l’autre tournée vers les réalités temporelles, historiques, sociales, spatiales et naturelles, de même, la Culture ainsi que les Belles-Lettres et les Arts possèdent deux orientations, deux aspects.


Ainsi, les hommes de culture supérieurs se servent de la littérature et des arts pour brosser à l’intention de la masse, des plans supérieurs de la vie, des phases supérieures et lointaines de l’évolution humaine, bref une vie idéale et parfaite.


Les hommes de culture ordinaires, les écrivains et les artistes ordinaires font usage de la littérature, de l’art, de leurs talents pour embellir et égayer la vie des gens. Ou bien, ils à cherchent à enregistrer les scènes bigarrées et changeantes de la vie sociale et sentimentale; à exprimer leurs sentiments intimes et les sentiments de la masse; à décrire les vissicitudes de la vie, les cruautés de l’existence; à étaler les sentiments refoulés de la masse; à traduire la joie profonde des hommes ou visualiser les aspirations et les rêves des générations. Bref, ils veulent répertorier les bons et les mauvais aspects de toutes les circonstances, brosser la physionomie réelle des hommes vivant dans des cadres historiques ou géographiques déterminés. Ils veulent, en somme, que leurs écrits et leurs oeuvres puissent servir de modèle, de motifs de persuasion ou de dissuasion, aidant ainsi les gens à mieux se conduire dans les multiples circonstances de la vie, à mener, pour tout dire, une vie belle et heureuse.


Définissant le Culture comme Belles-Lettres et Arts, beaucoup de gens infèrent que la Culture est inférieure à la Religion. Pour eux, la Religion, c’est la Foi, le Sacré, la Sainteté, l’Expression divine, la Parole de Dieu, tandis que la Culture serait plutôt le Savoir humain, le Profane, le Reflet de la vie humaine, l’Humanisme en somme.[33]


Pourtant, à bien considérer, le mot Culture est un terme beaucoup plus générique, beaucoup plus vaste que le terme Religion.


En effet chaque fois qu’on aborde le problème de la Culture, d’un pays donné, on parle non seulement de la religion, mais encore d’autres sujets tels que littérature, arts, régime politique, fêtes et réjouissance etc …


Les politiciens de leur côté, ayant assimilé la Culture aux Belles-Lettres et aux Arts, ou la considérant dans leur for intérieur comme un pur passe-temps, ont voulu dissocier Culture et Politique.


Ils sont prêts à assumer le rôle de mécènes, de protecteurs à l’égard des gens de lettres, pourvu que ces derniers s’entretiennent des questions oiseuses, qu’ils creusent le passé, qu’ils rêvassent sur l’avenir, qu’ils s’attaquent aux idéologies antagonistes, mais qu’ils encensent et soutiennent le régime actuel, suggèrent à tous de se laisser vivre paisiblement dans le statu quo sans faire de réclamations, sans demander d’améliorations, ni de réformes.


Cependant, la Culture englobe effectivement la politique. Elle n’est pas l’instrument de la politique; par contre, la politique est plutôt l’instrument de la Culture, tout régime politique n’étant que la réalisation d’une certaine forme de Culture, d’une certaine idéologie.


5. Culture: Activité spirituelle. – Civilisation: Activité matérielle et physique


D’autres soutiennent que la Culture englobe toutes les activités morales et spirituelles tandis que la civilsation recouvre toutes les activités matérielles et physiques. Ainsi Religion, Morale, et Art relèvent de la Culture; Technique et Science relèvent de la Civilisation.[34]


Tout ce qui est beau, c’est Culture. Tout ce qui est utile, c’est Civilisation.


Mais la réalité n’est pas aussi simple.


On a beaucoup discuté sur les domaines respectifs de la Culture et de la Civilisation.


D’aucuns prétendent que la Culture relève du domaine spirituel, et que la Civilisation ressort du domaine matériel et technique. (La majorité des hommes de lettres allemands et américains) [35]

D’autres estiment que Culture prime Civilisation. (Conception des hommes de lettres orientaux)[36]


Certains anthropologues soutiennent au contraire que Civilisation l’emporte sur Culture.[37]


Certains anthropologues soutiennent que la civilisation n’est qu’un composant de la culture, alors que d’autres sont d’avis diamétralement opposé. (I. Olaguë par exemple) [38]


Certain savants pensent que Culture et Civilisation sont des termes synonymes et par conséquent interchangeables, se référant toutes deux à un mode de vie noble et supérieur.


Dans une conférence sur les Cultures et les Civilisations tenue à Salzburg du 8 au 15 Octobre 1961,[39] à laquelle avaient participé d’illustres gens de lettres tels que Sorokin, Toynbee, Spengler, Northrop, etc… on employait indifféremment Culture et Civilisation, leur donnant la même signification.[40]


Toynbee justifie cette manière d’agir en disant que la différence de sens entre Culture et Civilisation n’existe que dans la langue allemande où Culture veut dire progrès spirituel, civilisation veut dire progrès matériel alors que dans les langues française et anglaise, cette distinction n’existe pas. C’est pourquoi la Conférence a employé le mot Civilisation avec la double signification comme Culture et comme Civilisation.[41]


Les débats et les divergences de vues concernant Culture et Civilisation font ressortir clairement les faits suivants:


(1) D’une part, l’homme doit évoluer moralement et spirituellement pour s’ennoblir, pour se perfectionner et pour rendre les autres semblables à lui-même au point de vue de perfection.


(2) D’autre part, l’homme doit améliorer sa situation, son milieu pour que sa vie soit plus belle, plus gaie, plus heureuse.


(3) Bref, l’homme doit se perfectionner, se développer à tous les points de vue, dans tous les domaines.


(4) Partant, ceux qui ne s’efforcent pas d’évoluer, de s’améliorer, d’améliorer leur situation, se contentant de jouir, de vivre au jour le jour, ceux-là seront écartés du mouvement général d’évolution, et ne contribuent en rien à l’oeuvre d’édification de la Civilisation et de la Culture.


(5) À bien réfléchir, la Civilisation et la Culture ne sont que des processus d’épuration, de perfectionnement de l’homme, ennoblissant, purifiant, améliorant, exaltant tout ce qui laisse encore à désirer.[42]


(6) Cette œuvre de perfectionnement s’effectue simultanément ou successivement sur deux plans différents: spirituel et matériel.


(7) A première vue, ces deux états de chose semblent s’opposer l’un à l’autre. Mais à bien considérer, ils contribuent tous deux à la “Grande Œuvre” de la nature: Œuvre de perfectionnement, de sanctification voire même de divinisation des hommes.


Le I Ching a dit à ce sujet:


“Le Ciel et la Terre s’opposent l’un à l’autre,

Pourtant ils participent à la même t&aci