Noël dans un monastère vietnamien

Une expérience qui renverse beaucoup d'idées reçues. Je me demandais comment allait se passer ce noël pour la première fois sans ma famille et aussi loin de mon pays, dans une culture si différente et une température ambiante de 30 degrés. Hé bien, c'est rafraichissant ! L'éloignement et la beauté des offices et des messes au monastère bénédictin de TB, situé à 1h de bus de Saigon, m'a permis de me concentrer plus facilement sur le sens religieux de noël et de méditer le mystère de l'incarnation, ce qu'on a rarement le temps de faire dans cette période chargée de fin d'année.

 

Il faut ensuite vous avouer que les monastères vietnamiens sont très différents de ceux d'Europe, si je me fie à ce que j'ai vu en France. Avec 90 moines à TB, d'une moyenne d'âge de 35 ans, dont 20 novices, avec la culture vietnamienne très animée, très musicale et festive... l'ambiance est un peu différente, pour proférer un énorme euphémisme. Le matin du 24, j'ai assisté, sidérée et hilare, à une représentation jouée par les moines : chants, chorégraphies, saynettes et même défilé de mode ! Avez-vous déjà vu... un moine en habit traditionnel du Vietnam (Ao Dai) dans la pièce de théâtre un diable bondissant à cape rouge titillait les frères dans leurs activités du quotidien : méditation, sommeil, conversation, etc… Lesquels résistaient imperturbables et unis dans la fraternité à ses assauts.

 

C'est l'occasion de mieux présenter ces chaleureux et généreux frères : la communauté fait partie de l'ordre bénédictin et de la congrégation de Subiaco, celle des monastères français de Landévennec, la Pierre-Qui-Vire, En-Calcat. Elle suit la règle de Saint Benoit et respecte la clôture. Les moines vivent des dons et de leur travail : manioc, saumûre, poivre, aquaculture, bananes...  Ils tiennent aussi un dispensaire gratuit de médecine traditionnelle asiatique. Le Père Abbé est l'exemple même de l'accueil et de la gentillesse, tout comme le responsable provincial, le père André. Tous deux entrés très jeunes au monastère, à 11 et 12 ans, ne sont pas pour autant passé à côté des richesses du monde. Polyglottes et globe-trotters, ils ont passés plusieurs années en Europe et aux Etat-Unis pour leurs études ou pour rendre visite à des vietnamiens de la diaspora.

Emmanuel nous apporte tant de surprises !

 

Anne-Raphaëlle