Vendredi Saint - Soeur Marie Thành
Il n’est de soir plus triste et plus angoissant,
De plus profond et de plus poignant.
Que celui où Dieu s’en va vers sa tombe,
Sublim vérité ou effroyable songe?
Jésus meurt ce soir, pendu, ecartelé,
Dressant sur le ciel sombre le profil de Son corps brisé.
Que tout se taise, logique, raison, science, philosophie,
Devant l’incompréhensible folie.
La première Messe est dite, l’on n’entend pas de kyrie,
La douleur seule chante son atroce liturgie.
Dieu lève ainsi douloureusement Sa tente,
De la terre des hommes, un soir de l’année Trente.
Par votre mort, Seigneur, par votre souffrance infinie,
Nous comprenonss les morts qui ont parsemé notre vie.
Nous comprenons qu’on peut mourir un peut un peu tous les jours sans être las,
Et qu’ils deviennent pluss doux tous les deuils d’ici-bas.
Ce coir nous nous offrons nos croix et nos rêves les plus chers,
Notre pauvreté, notre adoration et tout cet univers,
Avec ses aubes, ses crépuscules, son azur, ses orages,
Que tout monte chanter sur vos éternels rivages.
Verneuil, Noviciat, vendredi Saint 1954
Marie Thành
