La question du mariage interreligieux - Témoignage d’une étudiante

Témoignage d’une étudiante sur la question du mariage interreligieux

« Les étudiants du cours donné au centre pastoral de Saïgon sur la pratique du dialogue inter-religieux, s’active à la préparation de la rencontre. Ils vont bientôt accueillir un couple dont la femme est bouddhiste et le mari catholique et un deuxième couple composé de la même manière au détail près que c’est l’homme qui est bouddhiste et la femme catholique. Personnellement, c’est la première fois que je rencontre ces deux couples. Ils donnent l’impression de prendre soin l’un de l’autre, j’ai le sentiment de voir des familles heureuses et épanouies devant moi. Au fur et à mesure de la discussion, je me rends compte que cette première impression ne m’a pas trompée…

L’histoire du second couple commence par une histoire d’amour. Le couple s’est marié parce qu’ils s’aimaient et même si leurs différentes religions n’ont pas toujours simplifié les choses, ils n’ont jamais considéré cela comme un obstacle, bien au contraire. La femme est allée prendre conseil auprès d’un moine et ce dernier l’a encouragée dans cette voie. Il lui a même dit qu’elle était chanceuse, que cette différence devait devenir une force. Le couple est aujourd’hui marié depuis plus de 20 ans. Le mari et la femme ont gardé leur croyance respective. « Au début, cela n’a pas été facile » reconnaissent-ils,  « il y avait beaucoup trop de différences entre nous ». Mais ils ont réussi à s’adapter à l’autre, à vivre ensemble.  Après quelques années de mariage, leur relation a évolué : ils se connaissaient trop bien et ne se respectaient plus comme avant. Que pouvaient-ils faire pour retrouver l’harmonie des premiers temps ? Ils se sont alors réfugiés dans la prière.  Le mari est allé plus souvent à la messe, a lu et écouté les Saintes Ecritures. Sa femme s’est rendue au temple,  est entrée en médiation.  Ils ont ainsi réussi à surmonter la première tempête.  La paix retrouvée, la femme a donné naissance à leur premier enfant. Son éducation posa beaucoup de problème au couple qui avait une conception différente du sujet. L’idée du mari était que l’enfant devait avoir de l’estime pour ses parents. Ces derniers ne devaient donc pas le décevoir mais toujours calquer leurs paroles à leurs actes pour être un miroir pour leur fils. Or, l’image que le couple reflétait ne pouvait pas vraiment se lire sur un seul miroir. Aujourd’hui pourtant, leur fils a 17 ans et se porte à merveille. La famille qu’ils forment est belle à voir, ils sont heureux et épanouis et cela se ressent. Ils se sont toujours considérés égaux et n’ont jamais essayé de convaincre l’autre que leur croyance était la bonne. Le couple considère la religion comme un moyen de devenir meilleur. « Toutes les doctrines sont intéressantes car elles nous mènent toutes à cela. Il ne faut surtout pas les critiquer ou mal les considérer » déclarent-ils.

Le premier couple est aujourd’hui marié depuis une trentaine d’années. Ils considèrent que, bien qu’il existe différentes religions, il n’y a qu’une seule croyance.  Depuis le début, ils ont pris l’habitude de tout faire ensemble. Lorsque le mari va au temple, sa femme l’accompagne et inversement. Le mari nous explique qu’il écoute lui aussi le discours du prêtre et qu’il essaye de pratiquer et de prier à l’Eglise. Quand sa femme va à la chorale, le mari écrit même des chants. Par ailleurs, le mari étant le premier fils de la famille, il doit rendre un hommage tout particulier aux ancêtres.  « Le jour du mort de chacun de mes ancêtres, c’est ma femme qui est la première à s’en souvenir » nous confie-t-il.  Le mari nous confie qu’il ne lui semble pas que tous les catholiques fassent preuve de constance et de patience. Pourtant, rajoute-t-il, c’est ce qui est écrit dans la Bible (lettre de St Paul apôtre aux Corinthiens). La religion bouddhiste prône les mêmes valeurs.

Voilà mon témoignage suite aux discours très intéressant de ces deux couples catholiques-bouddhistes. J’ai été très émue de voir ces familles heureuses et si rayonnantes. C’est l’amour de Dieu qui les aide chaque jour et leur apporte autant de bonheur.

Après la discussion,  les étudiants ont posé quelques questions aux deux couples:

Vous semblez tous les deux heureux et comblés mais qu’en est-il de vos enfants ?  Le dialogue a-t-il pu se faire avec la seconde génération ?

Le premier couple a répondu : « notre fils a reçu son baptême étant petit. Mais, depuis ses 18 ans, il est complétement libre de faire son propre choix. Nous ne lui avons imposé aucune religion ».

Thiên Ân

Traductrice: Binot Bérengère